Pressions nationales et internationales : l’avenir du Conseil présidentiel haïtien suspendu à une réforme urgente

Mis à jour le 17 décembre 2024 à 12h26

La crise de moralité et d’efficacité qui frappe le Conseil présidentiel de transition (CPT) en Haïti a atteint un point critique. Huit mois après sa création, ce mécanisme censé piloter la transition est confronté à un scandale de corruption impliquant trois de ses membres : Louis Gérald Gilles, Emmanuel Vertilaire et Smith Augustin. Cette situation alimente un climat de mécontentement général, exacerbé par l’absence de résultats tangibles. Le rôle de la CARICOM (Communauté des Caraïbes) devient désormais central pour décider de l’avenir de cette transition vacillante.

Un Conseil discrédité et isolé

La présence des trois conseillers présidentiels inculpés dans une affaire de corruption liée à la Banque nationale de crédit (BNC) constitue le cœur de la polémique. Plusieurs secteurs de la société haïtienne, ainsi que des signataires de l’Accord du 3 avril qui avait institué le CPT, ont déjà pris leurs distances avec leurs représentants au sein de ce Conseil.

Lors d’une récente rencontre virtuelle avec le Groupe des Éminentes personnalités de la CARICOM, des voix fortes ont exigé la démission immédiate des trois conseillers mis en cause. « La transition a perdu sa crédibilité et sa légitimité », a déclaré Me André Michel, membre de l’Accord du 21 décembre et participant actif à la réunion. Selon lui, « toutes les parties raisonnables partagent ce constat, sauf quelques fanatiques ».

D’autres acteurs, comme le Collectif 30 janvier, appellent à une refonte globale du CPT. Liné Balthazar, un de ses dirigeants, a rappelé que son groupe ne reconnaît plus leur représentant au CPT, Edgard Leblanc Fils. « La formule du CPT peut rester, mais pas sa composition actuelle », a-t-il affirmé, tout en appelant à une nouvelle proposition pour sortir de la crise avant les fêtes de Noël.

Des divergences sur la stratégie à adopter

Si une majorité plaide pour le départ des trois conseillers impliqués, les opinions divergent sur l’ampleur des changements nécessaires. Une partie des acteurs, comme Claude Joseph, leader de l’organisation politique EDE, réclame simplement la démission des membres inculpés pour restaurer la crédibilité du CPT. En revanche, d’autres secteurs prônent une dissolution complète du Conseil, estimant que sa mission est désormais irréalisable dans sa structure actuelle.

Une minorité, plus prudente, préfère attendre la décision de la justice concernant les conseillers mis en cause avant d’exiger leur départ. Ce point de vue reste toutefois marginal dans un contexte où la transition est perçue comme en « pleine désintégration », selon les termes de Me André Michel.

La CARICOM en arbitre incontournable

Face à cette impasse, la CARICOM reprend la main. Le Groupe des Éminentes personnalités, chargé d’accompagner le processus, a demandé aux parties prenantes de soumettre une proposition pour redresser la transition. Claude Joseph a confirmé que cette requête avait été acceptée, et que les consultations avec des secteurs non signataires de l’Accord du 3 avril sont en cours.

Pour la CARICOM, il s’agit non seulement de sauver le processus, mais également d’éviter une nouvelle explosion de la crise politique en Haïti. Si des efforts sont déployés pour maintenir le cadre initial du CPT, la pression croissante pour un renouvellement de ses membres semble inévitable.

Une transition en quête de crédibilité

Au-delà du scandale de corruption, c’est l’efficacité même du CPT qui est remise en question. Liné Balthazar, comme d’autres, a dénoncé l’absence de résultats concrets après huit mois de fonctionnement. La transition, initialement conçue pour rétablir la stabilité politique et amorcer un dialogue inclusif, semble aujourd’hui paralysée par des querelles internes et un manque de vision partagée.

Pour certains acteurs, cette impasse souligne l’urgence de réformer les mécanismes de gouvernance en Haïti. La proposition attendue avant Noël pourrait inclure une restructuration profonde du CPT, avec de nouveaux critères de sélection pour ses membres afin de garantir leur intégrité et leur compétence.

Une issue incertaine, mais nécessaire

Le redressement du processus de transition dépendra en grande partie de la capacité des parties prenantes à surmonter leurs divergences et à proposer une solution réaliste à la CARICOM. Comme l’a souligné Me André Michel, il est essentiel de « sauver le processus sans renverser la table ».

Cependant, la patience de la communauté internationale semble avoir des limites. Si aucune proposition crédible n’émerge rapidement, il est probable que la CARICOM et d’autres partenaires internationaux envisagent des mesures plus directes pour relancer la transition.

En attendant, le CPT reste sous le feu des critiques, pris dans une tempête de mécontentement alimentée par des scandales de corruption et une incapacité à remplir ses engagements. L’avenir du Conseil présidentiel de transition, et peut-être celui de la stabilité politique en Haïti, se jouera dans les semaines à venir.

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