L’aéroport international Toussaint Louverture de Port-au-Prince, principal portail aérien d’Haïti, reste plongé dans l’incertitude un mois après l’attaque armée du 11 novembre 2024, qui a ciblé des avions lors de leurs phases d’atterrissage et de décollage. Cet incident dramatique, marqué par des tirs provenant de zones contrôlées par des gangs, a conduit la Federal Aviation Administration (FAA) à émettre une interdiction de vol pour les compagnies aériennes américaines. Alors que cette restriction de 30 jours arrive à échéance, la question de la sécurité de l’aéroport et de sa réouverture plane toujours.
Une coopération internationale sous pression
L’ambassade américaine à Port-au-Prince a confirmé une collaboration active avec les autorités haïtiennes pour enquêter sur l’incident et élaborer un plan de sécurité à long terme pour l’aéroport. “Nous travaillons étroitement avec nos partenaires haïtiens pour identifier les failles et renforcer la sécurité dans les installations aéroportuaires”, a déclaré un responsable américain. Cependant, aucune mesure concrète et visible n’a été mise en place jusqu’à présent pour sécuriser les zones environnantes de l’aéroport, largement dominées par des gangs lourdement armés.
Contrairement à la fermeture temporaire de mars 2024, où des opérations militaires avaient été organisées pour sécuriser certaines zones critiques, la situation actuelle semble figée dans une impasse. Cette inaction soulève des inquiétudes quant à la capacité des autorités haïtiennes à garantir la sûreté du trafic aérien.
Les compagnies aériennes se retirent progressivement
En parallèle, les compagnies aériennes, autrefois pilier du transport international en Haïti, revoient leurs stratégies face à la dégradation de la situation. American Airlines, qui avait initialement envisagé de reprendre ses vols début 2025, a annoncé qu’elle reportait une éventuelle reprise à la fin de l’année. “La sécurité de nos passagers et de notre équipage reste notre priorité absolue”, a déclaré un porte-parole de la compagnie. Cette décision suit celle de Spirit et JetBlue, qui ont également suspendu leurs opérations vers Haïti pour une durée indéterminée.
La suspension des vols affecte non seulement les voyageurs, mais également l’économie haïtienne, déjà fragilisée par l’instabilité politique et la violence. Avec l’aéroport fermé, les échanges commerciaux et les investissements internationaux sont sérieusement compromis, aggravant la crise économique qui paralyse le pays.
Les zones périphériques, un défi de taille
L’une des principales préoccupations demeure la sécurisation des quartiers périphériques de l’aéroport. Ces zones, sous l’emprise de groupes armés, rendent tout effort de stabilisation extrêmement complexe. Les gangs, équipés d’armes sophistiquées, contrôlent non seulement les routes d’accès, mais également les hauteurs stratégiques qui entourent l’aéroport, exposant les avions à des tirs lors des manœuvres d’atterrissage et de décollage.
L’absence d’une stratégie coordonnée pour éradiquer ces menaces met en lumière les limites des forces de sécurité haïtiennes. Bien que des pays partenaires, tels que les États-Unis, aient proposé un appui technique et logistique, aucune opération significative n’a encore été lancée.
Des enjeux diplomatiques et économiques majeurs
La crise actuelle dépasse le cadre aéronautique et soulève des questions sur la gestion globale de la sécurité en Haïti. La fermeture prolongée de l’aéroport Toussaint Louverture reflète l’incapacité des autorités à restaurer l’ordre dans un contexte marqué par une fragmentation du pouvoir et un affaiblissement des institutions publiques.
Sur le plan diplomatique, cette crise met également les partenaires internationaux face à un dilemme. Bien qu’ils soient disposés à apporter leur aide, leur soutien reste conditionné à des engagements concrets de la part du gouvernement haïtien. Cependant, ce dernier semble pris au piège entre les pressions internationales et les réalités locales, où les gangs dictent leurs propres lois.
Le silence des autorités haïtiennes
Les responsables politiques haïtiens, tout comme les autorités du secteur aérien, gardent un silence quasi total sur l’évolution de la situation. Cette absence de communication alimente le scepticisme parmi les citoyens et les partenaires étrangers, qui attendent des signaux clairs sur les efforts en cours pour rétablir la sécurité.
Alors que l’interdiction de vol émise par la FAA doit être réévaluée cette semaine, les perspectives d’une reprise des opérations semblent peu probables. Les autorités haïtiennes, déjà confrontées à de multiples crises, peinent à rassurer les compagnies aériennes et les voyageurs sur leur capacité à prévenir de nouveaux incidents.
Un avenir incertain
La situation de l’aéroport Toussaint Louverture est le reflet d’une crise plus vaste qui touche l’ensemble du pays. Alors que les partenaires internationaux continuent d’offrir leur soutien, il appartient aux autorités haïtiennes de prendre des mesures décisives pour restaurer la confiance et assurer la sécurité de l’un des principaux symboles de la connectivité du pays avec le reste du monde.
En attendant, les habitants d’Haïti, confrontés à l’isolement et à la précarité, espèrent que des actions concrètes seront prises pour sortir de cette impasse et rouvrir les portes de leur pays au monde extérieur.





