Le secrétaire d’État américain Marco Rubio a annoncé lundi soir que le président du Salvador, Nayib Bukele, avait proposé d’accepter les migrants déportés des États-Unis, quelle que soit leur nationalité, y compris des criminels américains violents actuellement incarcérés sur le sol américain. Cette déclaration, faite après une rencontre de plusieurs heures entre les deux hommes, marque un tournant dans la politique migratoire des deux pays.
Une proposition inédite
Lors d’un entretien au bord d’un lac à l’extérieur de San Salvador, Marco Rubio a qualifié l’accord migratoire proposé par Bukele d’« inédit et extraordinaire ». Selon le sénateur américain, le Salvador est prêt à recevoir des migrants de toutes origines en situation illégale aux États-Unis et à les placer dans ses établissements pénitentiaires si nécessaire. « Il a également proposé d’accueillir les criminels dangereux actuellement en détention aux États-Unis, y compris les citoyens américains ou résidents légaux », a ajouté Rubio.
Dans un message publié sur le réseau social X, Nayib Bukele a confirmé son offre, affirmant que son pays pourrait externaliser une partie du système pénitentiaire américain. Le président salvadorien a précisé que seuls des « criminels condamnés » seraient acceptés et que cette mesure permettrait de rendre son propre système carcéral économiquement viable, en échange d’une compensation financière américaine.
Réactions et implications politiques
L’annonce de cet accord a immédiatement suscité des réactions. Un responsable américain a précisé que l’administration Trump n’avait pas l’intention d’expulser des citoyens américains, soulignant que de telles mesures se heurteraient à des obstacles juridiques importants. Néanmoins, il a reconnu que l’offre de Bukele représentait une opportunité unique pour Washington de renforcer sa politique d’expulsion des migrants illégaux.
Cette proposition intervient dans un contexte de pressions accrues des États-Unis sur les pays d’Amérique centrale pour renforcer la lutte contre l’immigration clandestine. Marco Rubio effectue actuellement une tournée régionale qui inclut le Panama, le Costa Rica, le Guatemala et la République dominicaine. Sa visite vise notamment à établir des accords similaires afin de limiter le flux migratoire vers les États-Unis.
Un accord controversé
L’accord en discussion entre Washington et San Salvador s’apparente à un modèle de « pays tiers sûr », selon lequel un État accepte d’héberger des migrants refoulés d’un autre pays. Toutefois, des organisations de défense des droits humains mettent en garde contre un manque de garanties en matière de protection des réfugiés et des demandeurs d’asile au Salvador. Selon elles, ce type d’accord pourrait entraîner le retour forcé de personnes vulnérables dans des conditions précaires.
Manuel Flores, secrétaire général du Front de libération nationale Farabundo Martí, principal parti d’opposition de gauche au Salvador, a vivement critiqué cette initiative. Il considère que cet accord transformerait la région en un « dépotoir de Washington », où les États-Unis pourraient expulser migrants et criminels sans réel contrôle.
Une coopération sous surveillance
Alors que les discussions se poursuivent, cet accord pourrait redéfinir les relations entre les États-Unis et l’Amérique centrale en matière de migration et de sécurité. Si le Salvador parvient à mettre en œuvre cette proposition, il deviendrait un partenaire clé des États-Unis dans la lutte contre l’immigration illégale. Cependant, la mise en place de cet accord dépendra de négociations complexes et d’éventuels recours judiciaires qui pourraient en limiter la portée.





