Le Canada vient de prendre une décision qui fait grincer des dents en Chine. Ottawa, en envisageant l’imposition de droits de douane sur les véhicules électriques chinois et leurs composantes, provoque une vive réaction de Pékin. La Chine y voit un acte de protectionnisme commercial, motivé par des intérêts politiques et non économiques. Selon un communiqué de l’ambassade de Chine au Canada, cette décision contredit les principes mêmes du libre-échange, valeurs pourtant prônées par le Canada sur la scène internationale.
La question qui se pose est de savoir si Ottawa agit réellement par souci de protéger son marché national ou si cette décision est dictée par des considérations géopolitiques plus larges. Le gouvernement canadien semble, en effet, s’inscrire dans une tendance observable en Occident, celle d’imposer des barrières commerciales aux produits chinois, sous prétexte que les entreprises chinoises bénéficient de subventions gouvernementales déloyales.
Les Véhicules électriques Chinois dans la ligne de mire
L’industrie automobile électrique chinoise a connu une ascension fulgurante ces dernières années, portée par des champions comme BYD, l’un des plus grands constructeurs de véhicules électriques au monde. Ce dernier a récemment créé une entité canadienne et se prépare à entrer sur le marché nord-américain dès l’année prochaine. L’arrivée de ces géants chinois est perçue comme une menace pour les constructeurs locaux, qui peinent à rivaliser avec des entreprises bénéficiant de subventions importantes.
Les subventions octroyées par Pékin permettent, selon plusieurs analystes occidentaux, aux entreprises chinoises de vendre leurs produits à des prix bien inférieurs à ceux de la concurrence internationale. Cette pratique, qualifiée d’« avantage déloyal » par les pays occidentaux, donne aux entreprises chinoises un accès plus facile aux marchés mondiaux sans qu’elles aient besoin d’être rentables sur le long terme. Pour les pays comme le Canada, qui tente de développer son propre secteur des véhicules électriques, ces subventions représentent une distorsion de la concurrence.
La réaction d’Ottawa ne s’est pas limitée aux seuls véhicules électriques. La vice-Première ministre canadienne a déclaré qu’une consultation de 30 jours allait être lancée pour étudier la possibilité d’étendre les droits de douane aux batteries, pièces de batteries, semi-conducteurs, minéraux critiques, métaux et panneaux solaires importés de Chine. Une décision qui risque d’accentuer les tensions déjà vives entre les deux nations.
Protectionnisme déguisé ou défense légitime ?
Pour la Chine, cette initiative est un cas typique de protectionnisme déguisé. En cherchant à restreindre l’accès des produits chinois à son marché, le Canada contrevient aux principes de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), dont il est pourtant un fervent défenseur. Pékin estime que de telles mesures vont à l’encontre de la coopération économique normale entre les deux pays, menaçant ainsi des décennies de relations commerciales.
De son côté, le Canada se défend en affirmant que ces mesures visent à garantir une concurrence loyale sur son marché, en particulier dans des secteurs stratégiques comme les technologies vertes et les énergies renouvelables. Alors que le monde se tourne vers les véhicules électriques comme solution à la crise climatique, Ottawa souhaite assurer la viabilité de son industrie nationale face à la concurrence étrangère.
Un Contexte géopolitique de plus en plus complexe
Les tensions commerciales entre le Canada et la Chine ne se limitent pas au secteur des véhicules électriques. Elles s’inscrivent dans un contexte géopolitique plus large, marqué par une méfiance croissante entre l’Occident et la Chine. La guerre commerciale menée par les États-Unis contre Pékin a ouvert la voie à d’autres pays pour adopter des mesures protectionnistes à l’égard des produits chinois.
Dans ce climat tendu, les questions économiques et commerciales sont souvent mêlées à des enjeux politiques plus vastes. Les relations sino-canadiennes ont été mises à rude épreuve ces dernières années, notamment avec les tensions diplomatiques et les affaires de cyberespionnage. Cette nouvelle décision d’Ottawa pourrait bien être perçue comme un coup supplémentaire porté à une relation déjà fragile.
Le bras de fer entre le Canada et la Chine autour des véhicules électriques révèle les profondes tensions commerciales qui traversent le monde actuellement. Alors que la Chine accuse le Canada de protectionnisme, Ottawa défend son droit de protéger ses intérêts économiques. La question reste de savoir jusqu’où ce conflit pourrait aller et quelles en seront les répercussions sur les relations économiques globales.





