L’assistance médicale à mourir est une question de vie et de mort. Dans l’histoire humaine, on a souvent réfléchi à la fin de vie, à la souffrance et à la dignité. Socrate buvait la ciguë calmement, acceptant son sort. Épicure, lui, croyait que la mort ne devait pas être crainte, car elle était la fin de toute douleur. Mais au Moyen Âge, l’Église condamnait le suicide comme un péché mortel. On n’y pensait même pas.
Ce n’est qu’au XXe siècle que le débat a pris une tournure légale. En 1970, aux États-Unis, le rapport « Le Droit de Mourir » a marqué un tournant. On a commencé à parler des droits des patients en fin de vie, à donner une voix à ceux qui souffrent. Les Pays-Bas étaient les premiers à légaliser l’assistance médicale à mourir en 2002, créant un précédent. En 1997 déjà, l’Oregon avait ouvert la voie aux États-Unis avec sa loi sur la « Death with Dignity ». Le Canada a suivi en 2016. Ces lois sont le fruit de luttes longues, de débats houleux, mais elles ont changé le rapport de la société à la mort.
Aujourd’hui, les partisans de l’assistance médicale à mourir affirment que chaque être humain a le droit de choisir la manière de terminer sa vie. Ils invoquent la dignité, l’absence de douleur et l’autonomie personnelle. Pour eux, c’est un choix humain, un choix face à une souffrance insupportable. Les témoignages abondent : des patients atteints de maladies terminales qui cherchent un soulagement, non seulement pour eux-mêmes, mais pour leur famille, pour la paix.
Mais d’autres y voient un danger. Un glissement moral. Ils craignent que cela mette une pression indue sur les malades, les personnes âgées, les plus vulnérables. Que cela transforme la relation médecin-patient, un lien de confiance qui, depuis Hippocrate, repose sur la préservation de la vie. On s’inquiète aussi des dérives possibles dans les soins palliatifs. Et la question demeure : quand est-ce qu’on dépasse la frontière ?
Les Pays-Bas, le Canada, la Nouvelle-Zélande ont pris position. Mais des pays comme la France et le Royaume-Uni résistent encore. Les avis publics évoluent pourtant. Un rapport de la BBC de 2023 montre qu’au Royaume-Uni, de plus en plus de gens sont favorables à l’euthanasie, citant la souffrance et la dignité.
Le débat ne fait que commencer. Peut-être que demain, d’autres pays suivront le chemin ouvert par l’Oregon. Peut-être que de nouvelles lois verront le jour pour protéger ceux qui en ont besoin. Mais une chose est certaine : ce débat, comme la mort elle-même, touche au cœur de ce qu’est l’humanité.








