Une polémique sans fondement a secoué l’Ohio ces derniers jours, alimentée par plusieurs figures républicaines de premier plan. Selon une rumeur infondée, des migrants haïtiens auraient été accusés de capturer et de consommer des animaux domestiques, tels que des chats et des canards, dans la ville de Springfield. Cette théorie, pourtant démentie par les autorités locales, a rapidement pris de l’ampleur sur les réseaux sociaux, notamment grâce au soutien d’influenceurs conservateurs.
Lundi, la police de Springfield a été contrainte de publier un communiqué pour démentir ces allégations. « Nous voulons clarifier qu’il n’existe pas d’informations crédibles ou d’affirmations précises sur des animaux de compagnie maltraités, blessés ou victimes d’abus de la part de la population immigrée », a-t-elle indiqué dans son message. Malgré ce démenti officiel, les accusations ont continué de circuler, amplifiées par plusieurs personnalités de la droite américaine.
Parmi ces personnalités, J.D. Vance, colistier de Donald Trump pour la prochaine élection présidentielle, a partagé sur la plateforme X (anciennement Twitter) une déclaration selon laquelle des immigrants auraient capturé et consommé des animaux de compagnie. « Selon des informations, des personnes ont eu leur animal de compagnie enlevé et dévoré par des gens qui ne devraient pas être dans notre pays », a-t-il écrit. Cette déclaration a fait écho à une campagne plus large visant à attiser les peurs liées à l’immigration dans un climat politique déjà polarisé.
Les républicains de la commission judiciaire de la Chambre des représentants ont également ajouté du poids à ces accusations en publiant une image générée par l’intelligence artificielle, montrant Donald Trump tenant un chaton et un canard dans ses bras, renforçant ainsi l’idée que le candidat républicain se positionne comme le défenseur des animaux et des citoyens américains face à l’immigration.
D’autres figures conservatrices, telles que le sénateur texan Ted Cruz, Stephen Miller, ou encore la députée Marjorie Taylor Greene, se sont jointes à cette campagne médiatique, chacun partageant des messages ou des images accusant les migrants haïtiens de comportements inadmissibles. Le tout s’inscrit dans une stratégie politique de plus en plus agressive à l’approche de l’élection présidentielle de 2024.
Elon Musk, propriétaire du réseau X, a également contribué à l’effervescence en partageant plusieurs messages renforçant cette thèse. Il a notamment publié une image de chatons avec la légende « Sauvez-les! » dans une tentative de jouer sur les émotions des internautes.
Cependant, à la base de cette fausse information se trouve une simple publication sur Facebook, censée provenir d’un habitant de Springfield. Ce dernier citait une amie de la fille de son voisin, affirmant que des migrants haïtiens auraient tenté de manger un chat. Cette rumeur a rapidement été amplifiée et des vidéos totalement déconnectées du contexte, comme celle montrant une femme mentalement instable arrêtée pour avoir prétendument mangé un chat, ont contribué à alimenter la polémique.
Dans un pays où les animaux de compagnie occupent une place importante dans les foyers, les accusations de mauvais traitements contre des immigrants sont susceptibles de provoquer des réactions émotionnelles fortes. Pourtant, il est clair que cette affaire relève davantage de la désinformation que de faits avérés. Les autorités locales ont réaffirmé qu’il n’existe aucune preuve à l’appui de ces allégations et ont appelé au calme et à la responsabilité sur les réseaux sociaux.
Ce type de désinformation, surtout dans le contexte politique actuel, souligne l’importance de vérifier les sources avant de partager des informations, en particulier lorsqu’elles concernent des groupes vulnérables. La campagne électorale américaine, marquée par une polarisation croissante, semble propice à la prolifération de ce genre de rumeurs, qui risquent de diviser encore davantage une société déjà fragilisée.
Source: AFP








