Décrocher un diplôme : un investissement de moins en moins payant au Québec ?

Mis à jour le 23 novembre 2025 à 12h57

Entre 2017 et 2023, les pénuries de main-d’œuvre ont marqué l’économie québécoise, affectant à la fois les employeurs et les travailleurs. Si les difficultés à recruter ou la facilité de trouver un emploi sont souvent mentionnées, un autre aspect est passé sous le radar : l’effet de ces pénuries sur la poursuite des études postsecondaires. Une étude récente de l’Institut du Québec (IDQ) révèle que cette situation pourrait avoir des répercussions significatives sur les décisions éducatives des jeunes Québécois.

Un avantage salarial en déclin pour les diplômés

Traditionnellement, la poursuite d’études postsecondaires est synonyme d’un salaire plus élevé. Cependant, entre 2017 et 2023, cet avantage salarial a connu une baisse. En 2017, un diplômé universitaire entre 40 et 49 ans au Québec gagnait en moyenne 81 % de plus qu’un travailleur ayant un diplôme d’études secondaires ou moins. En 2023, cet écart s’est réduit à 60 %. Les carrières bien établies de ce groupe d’âge en font une référence pertinente pour cette analyse.

La principale raison de cet effritement réside dans la hausse des salaires des emplois demandant peu ou pas de qualifications. Le salaire des travailleurs ayant un diplôme d’études secondaires ou moins a augmenté de 10 % en six ans, ajusté à l’inflation. Pendant ce temps, les salaires des diplômés collégiaux et professionnels n’ont augmenté que de 4 %, tandis que ceux des diplômés universitaires ont même diminué de 3 %.

Valorisation des emplois peu qualifiés : un risque pour l’éducation

Cette dynamique a permis de réduire les inégalités salariales entre les niveaux de qualification, ce qui pourrait sembler positif. Toutefois, selon Emna Braham, PDG de l’IDQ, cette situation pourrait décourager les jeunes de poursuivre leurs études, surtout dans un contexte où le Québec est déjà confronté à un taux de décrochage élevé.

L’étude montre également une disparité plus prononcée chez les hommes. L’avantage salarial des diplômés universitaires hommes est passé de 81 % à 55 % entre 2017 et 2023, principalement à cause de la demande croissante dans des secteurs comme la construction, où la scolarité requise est faible mais les salaires élevés.

Des gains immédiats, mais un avenir incertain

Choisir d’intégrer le marché du travail plutôt que de continuer ses études présente des avantages à court terme, notamment un salaire immédiat. Toutefois, l’étude met en garde contre les risques à long terme. En effet, la progression salariale pour ceux ayant un diplôme secondaire ou moins tend à plafonner plus rapidement. Par exemple, chez les 20-24 ans, l’avantage salarial pour les diplômés universitaires n’est que de 25 %, mais il grimpe à 71 % chez les 45-49 ans.

Un autre facteur à considérer est la volatilité du marché de l’emploi. Si entre 2017 et 2023, la demande pour des travailleurs peu qualifiés a augmenté de 7 %, cette tendance a commencé à s’inverser en 2023 avec le ralentissement économique. La demande pour ce type de main-d’œuvre a diminué de 5 %, tandis que l’offre s’est accrue de 3 % grâce à l’arrivée massive de travailleurs temporaires dans des secteurs tels que l’hôtellerie, la restauration et la fabrication.

L’importance de la formation continue et de la scolarisation

Bien que les pénuries de main-d’œuvre aient permis d’améliorer les conditions salariales pour certains emplois peu qualifiés, il est essentiel de ne pas négliger les avantages à long terme de l’éducation. Contrairement aux idées reçues, il n’y a pas de surplus de diplômés universitaires au Québec. Entre 2017 et 2023, le nombre de travailleurs ayant un diplôme universitaire a augmenté de 22 %, tandis que la demande pour ces travailleurs a crû de 24 %, même en période de ralentissement économique.

L’éducation continue de jouer un rôle crucial dans le développement des compétences et l’évolution de la carrière. Pour éviter de compromettre l’avenir du Québec, il est essentiel de redoubler d’efforts pour réduire le décrochage scolaire et encourager la poursuite des études. Cela inclut également l’accompagnement des étudiants dans leurs premiers trimestres postsecondaires, afin de maintenir leur motivation.

Alors que le marché de l’emploi évolue, il devient de plus en plus important de ne pas compromettre les perspectives à long terme des jeunes en favorisant une entrée rapide dans le monde du travail. Les bénéfices individuels et collectifs de l’éducation sont clairs : une main-d’œuvre plus qualifiée favorise l’innovation et la compétitivité économique, tout en réduisant les inégalités. Le Québec doit donc continuer à miser sur l’éducation et la formation tout au long de la vie active.

SOURCE Institut du Québec

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