Le 18 octobre 2024, Cuba a été plongée dans une panne électrique massive après l’arrêt de sa principale centrale thermique, Antonio-Guiteras, située dans le centre-ouest de l’île. Cet événement a provoqué une paralysie totale du réseau électrique, privant de courant environ dix millions d’habitants. Lazaro Guerra, directeur général de l’électricité au ministère de l’Énergie et des Mines, a précisé que l’arrêt de cette centrale a entraîné un effondrement du système électrique, plongeant l’île entière dans le noir. La situation, qualifiée de « crise énergétique », a forcé le gouvernement cubain à prendre des mesures exceptionnelles pour tenter de rétablir le courant.
Efforts pour un rétablissement partiel
En début de soirée, la Compagnie électrique nationale (UNE) a réussi à générer un faible niveau de courant grâce à des microsystèmes, alimentant environ 19 000 personnes. Cependant, à La Havane, la plupart des grandes avenues étaient toujours plongées dans l’obscurité, à l’exception de certains hôtels, hôpitaux et quelques établissements privés équipés de générateurs. L’impact de cette coupure est particulièrement difficile pour les enfants et les personnes âgées, contraints de supporter des conditions de vie éprouvantes, comme en témoigne Betsabe Valdes, une habitante de 40 ans, qui exprime son désarroi face à l’absence de gaz et d’électricité.
La panne survient alors que Cuba fait face depuis plusieurs mois à des coupures de courant de plus en plus fréquentes. En raison des difficultés à se procurer le combustible nécessaire, le déficit énergétique du pays, qui oscillait autour de 30 %, a récemment atteint 50 %. Ces perturbations affectent lourdement le quotidien des Cubains, avec des coupures atteignant parfois plus de 20 heures par jour dans certaines régions.
Un contexte énergétique et économique difficile
Le président cubain, Miguel Diaz-Canel, a qualifié cette situation d’« urgence énergétique », en blâmant l’embargo imposé par les États-Unis depuis 1962. Ce blocus rend difficile l’accès au combustible et aux pièces détachées nécessaires au maintien et à la réparation des infrastructures vieillissantes du pays, en particulier les centrales thermoélectriques. Diaz-Canel a réaffirmé lors d’une réunion de crise retransmise à la télévision d’État qu’il n’y aurait pas de répit jusqu’à ce que le service soit complètement rétabli.
Le gouvernement cubain avait déjà pris des mesures drastiques, suspendant les cours et fermant les lieux de divertissement pour économiser l’électricité. Manuel Marrero, Premier ministre, a annoncé la suspension de tous les services publics non essentiels afin de prioriser l’approvisionnement en électricité des hôpitaux et entreprises.
La fragilité du système électrique cubain
Les centrales électriques cubaines, dont beaucoup datent de plusieurs décennies, peinent à fonctionner de manière stable. Eloy Font, un retraité de 80 ans vivant à La Havane, a exprimé son indignation face à la situation, soulignant la fragilité du réseau énergétique national. Il a décrit le quotidien des Cubains comme une lutte permanente, dépendant d’un système énergétique vulnérable et sans réserves suffisantes.
Cuba, déjà aux prises avec une grave crise économique, voit son infrastructure énergétique mise à rude épreuve par l’embargo américain et l’absence de modernisation. Les restrictions énergétiques actuelles ne sont que le reflet d’un problème systémique plus profond qui nécessite des investissements massifs pour assurer un approvisionnement stable et répondre aux besoins croissants de la population.
En attendant, les efforts pour restaurer le courant se poursuivent, mais les perspectives à court terme restent incertaines, exacerbant la frustration et l’inquiétude d’une population déjà accablée par de nombreuses difficultés.





