Une nation sous le choc face à une tentative controversée de suspendre la démocratie
Mercredi soir, des milliers de citoyens sud-coréens se sont réunis dans les rues de Séoul pour manifester leur indignation face à une tentative inédite de l’histoire moderne du pays. Le président conservateur Yoon Suk Yeol, déjà fragilisé par une faible popularité et l’absence de majorité parlementaire, a créé la stupeur en imposant puis abrogeant rapidement la loi martiale. Cet acte, jugé “illégal” par l’opposition et une grande partie de la population, a intensifié les appels à sa destitution.
Une motion de destitution imminente
Le choc provoqué par cette annonce a été immédiat. Dès le lendemain, six partis d’opposition, dont le Parti démocrate (centre-gauche), ont annoncé le dépôt d’une motion de destitution au Parlement. Celle-ci nécessite une majorité des deux tiers pour être adoptée, une étape qui pourrait être franchie dès vendredi. Cette initiative intervient alors que le président Yoon tente de se justifier en invoquant la nécessité de “protéger la Corée du Sud libérale des forces hostiles”.
Cependant, pour de nombreux observateurs, cette tentative de suspendre les institutions démocratiques du pays illustre une incapacité à gouverner face à un parlement contrôlé par l’opposition. M. Yoon avait dénoncé ce qu’il appelle une “dictature législative” qui, selon lui, bloquerait des budgets essentiels pour le pays.
Déploiement militaire et condamnation unanime
Les heures qui ont suivi l’annonce de la loi martiale ont vu des scènes spectaculaires et troublantes. Des soldats ont envahi le Parlement, appuyés par des hélicoptères de l’armée atterrissant sur le toit. Cependant, malgré la présence de 280 militaires, 190 députés ont réussi à se réunir en urgence pour voter une motion exigeant l’abrogation immédiate de la loi martiale.
À l’extérieur, des centaines de manifestants se sont rassemblés, exigeant non seulement l’annulation de la mesure, mais aussi la démission de M. Yoon. La Confédération coréenne des syndicats, la plus grande intersyndicale du pays, a appelé à une grève générale illimitée jusqu’au départ du président, le qualifiant de “danger pour la démocratie”.
Même au sein de sa formation politique, le Parti du Pouvoir au Peuple, les critiques fusent. Des personnalités influentes du parti ont pris leurs distances avec cette initiative présidentielle jugée irréfléchie et dangereuse.
Un tollé international et des répercussions politiques
L’annonce de la loi martiale et la réponse rapide des députés ont attiré l’attention de la communauté internationale. La Corée du Sud, reconnue comme une démocratie stable dans une région souvent marquée par des tensions, semble vaciller sous la présidence de Yoon Suk Yeol.
Le ministre de la Défense, Kim Yong-hyun, a présenté sa démission, assumant “l’entière responsabilité de la confusion causée”. Parallèlement, le chef de l’opposition, Lee Jae-myung, a promis de porter plainte contre le président et plusieurs hauts responsables, les accusant de tentative de rébellion.
Un climat de colère et d’incertitude
Mercredi soir, la colère des citoyens ne faiblissait pas. Des bougies et des banderoles ornées de slogans tels que “Arrêtez Yoon Suk Yeol!” illuminaient les rues de Séoul. Devant le Palais présidentiel, les manifestants ont exprimé leur désarroi face à ce qu’ils considèrent comme une “trahison des principes démocratiques”.
Pour beaucoup, cette crise politique est symptomatique des divisions profondes au sein de la société sud-coréenne. Le président Yoon, élu de justesse en 2022, n’a jamais bénéficié d’un large soutien populaire. Ses relations tendues avec le Parlement et son incapacité à rassembler les différentes forces politiques ont conduit à une impasse, exacerbée par cette tentative d’autoritarisme.
Des lendemains incertains pour la démocratie sud-coréenne
Alors que le pays attend avec impatience le vote de la motion de destitution, une question demeure : le président Yoon peut-il encore diriger après avoir perdu la confiance non seulement de l’opposition, mais aussi de son propre parti et de la population ?
La tentative de loi martiale a déclenché une mobilisation massive et une prise de conscience collective sur les fragilités de la démocratie sud-coréenne. La motion, si elle est adoptée, marquera une première dans l’histoire du pays, et pourrait sceller le sort politique d’un président isolé.
La Corée du Sud se trouve à un carrefour critique. Le départ potentiel de Yoon Suk Yeol ouvrirait une nouvelle page pour la nation, mais les divisions politiques et sociales profondes resteront un défi pour tout futur dirigeant.





