Rapport de l’OIT : progrès dans la réduction des inégalités salariales malgré des défis persistants à l’échelle mondiale

Mis à jour le 29 novembre 2024 à 9h41

Depuis le début des années 2000, l’inégalité salariale a diminué dans environ deux tiers des pays, marquant une avancée notable dans la lutte pour une répartition plus équitable des revenus. Le dernier Rapport mondial sur les salaires 2024-25 de l’Organisation internationale du Travail (OIT) met en lumière une tendance encourageante vers la réduction des écarts salariaux. Cependant, il souligne également que ces progrès restent inégaux à l’échelle mondiale et que des défis importants subsistent, en particulier pour les pays à faible revenu et les travailleurs les plus vulnérables.

Des progrès mesurables mais inégaux

Le rapport révèle que, depuis 2000, les écarts salariaux se sont réduits à un rythme annuel moyen compris entre 0,5 et 1,7 % dans les deux tiers des pays étudiés. Les réductions les plus significatives ont été enregistrées dans les nations à faible revenu, où les inégalités salariales ont baissé de 3,2 à 9,6 % par an. Ces progrès, bien que notables, restent insuffisants pour éliminer les inégalités extrêmes.

Dans les pays à revenu moyen supérieur, la diminution des écarts salariaux a été plus modérée, oscillant entre 0,3 et 1,3 % par an. Dans les pays à revenu élevé, les baisses ont été encore plus modestes, variant de 0,3 à 0,7 %. Ces chiffres reflètent les défis structurels dans les économies développées, où les écarts de rémunération sont souvent enracinés dans des systèmes complexes de marché du travail.

Croissance des salaires réels : une reprise inégale

Un autre constat majeur du rapport est la reprise des salaires réels à l’échelle mondiale. En 2023, ces derniers ont augmenté de 1,8 %, et les prévisions pour 2024 annoncent une croissance de 2,7 %, soit la plus forte progression en 15 ans. Cette reprise intervient après une année 2022 marquée par une contraction des salaires réels de -0,9 %, principalement en raison de l’inflation galopante.

Cependant, les disparités régionales demeurent. Dans les économies avancées du G20, les salaires réels ont chuté pendant deux années consécutives (-2,8 % en 2022 et -0,5 % en 2023). En revanche, les économies émergentes du G20 ont enregistré des hausses respectives de 1,8 % et 6,0 % sur la même période. Ces résultats montrent que les économies émergentes ont mieux résisté à la crise du coût de la vie grâce à une dynamique de croissance plus robuste.

Des écarts persistants entre régions et groupes sociaux

Malgré les progrès, des écarts significatifs subsistent entre régions et groupes sociaux. Les travailleurs d’Asie et du Pacifique, d’Europe de l’Est et d’Asie centrale ont vu leurs salaires réels augmenter plus rapidement que ceux des autres régions. En revanche, les travailleurs des économies avancées restent confrontés à des salaires stagnants ou en déclin, exacerbant les inégalités entre pays.

Les disparités sont encore plus flagrantes au sein des populations vulnérables. Les femmes, les jeunes et les travailleurs de l’économie informelle sont surreprésentés parmi les bas salaires. Environ 22 % des travailleurs salariés dans les pays à faible revenu sont classés comme faiblement rémunérés, tandis que les 10 % les mieux payés accaparent près de 38 % de la masse salariale mondiale. À l’opposé, les 10 % les moins bien payés n’en reçoivent que 0,5 %.

L’informalité et ses impacts sur les inégalités

Le rapport souligne l’importance de l’économie informelle dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Dans ces régions, une grande partie de la population active est constituée de travailleurs indépendants opérant en dehors des régulations officielles. En conséquence, l’inégalité des revenus du travail est beaucoup plus élevée que celle mesurée uniquement sur la base des salaires des travailleurs salariés.

Ces travailleurs, souvent marginalisés, sont confrontés à une faible productivité, une absence de protection sociale et des opportunités limitées de progression. Leur intégration dans l’économie formelle est essentielle pour réduire les inégalités globales et garantir un niveau de vie décent.

Politiques salariales : une clé pour la justice sociale

L’OIT met en avant plusieurs recommandations pour continuer à réduire les inégalités salariales. Parmi celles-ci, le renforcement des politiques salariales figure en tête de liste. Fixer les salaires par le biais du dialogue social, impliquant gouvernements, employeurs et travailleurs, est considéré comme un moyen efficace de promouvoir l’équité.

Une approche globale, tenant compte des besoins des travailleurs et des réalités économiques, est également essentielle. Par exemple, les systèmes de salaire minimum doivent être ajustés régulièrement pour refléter l’évolution du coût de la vie.

En outre, l’égalité des sexes et la lutte contre la discrimination sont des priorités incontournables. Promouvoir l’accès des femmes à des emplois bien rémunérés et lutter contre les écarts de rémunération sont des étapes cruciales pour une croissance inclusive.

Soutenir les travailleurs vulnérables

Une attention particulière doit être accordée aux travailleurs faiblement rémunérés et marginalisés. L’OIT recommande des politiques nationales visant à s’attaquer aux causes profondes des bas salaires, telles que l’informalité et la sous-évaluation des emplois dans des secteurs comme l’économie des soins.

Ces initiatives doivent être soutenues par des données fiables pour orienter les décisions politiques. Les statistiques solides permettent de mieux comprendre les dynamiques des marchés du travail et d’élaborer des stratégies ciblées.

Vers une croissance économique équitable

Le rapport conclut que réduire les inégalités salariales ne se limite pas à des ajustements de politique salariale. Il s’agit également de stimuler la productivité, de garantir un travail décent et de formaliser les économies informelles. Ces actions nécessitent une coopération internationale et une volonté politique forte pour transformer les systèmes économiques.

En surmontant ces défis, les pays peuvent non seulement réduire les écarts salariaux, mais aussi créer des sociétés plus justes et durables, où chaque travailleur bénéficie des fruits de la croissance économique.

Un chemin encore long

Bien que des progrès significatifs aient été réalisés dans la réduction des inégalités salariales, le chemin reste semé d’embûches. Les disparités régionales, les inégalités de genre et la marginalisation des travailleurs de l’économie informelle rappellent que des efforts soutenus sont nécessaires pour atteindre une véritable justice sociale.

Avec des politiques ciblées et un engagement mondial, il est possible de bâtir un avenir où chaque travailleur, quel que soit son pays ou son statut, peut vivre dignement et participer à une croissance économique équitable.

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