Dans un geste fort aux allures de représailles, la Chine a annoncé ce vendredi qu’elle porterait ses droits de douane supplémentaires sur une série de produits américains à 125 %. Cette décision marque une nouvelle intensification dans la guerre commerciale qui oppose depuis plusieurs années les deux premières puissances économiques mondiales.
La Commission des droits de douane du Conseil des affaires d’État a justifié cette hausse en dénonçant fermement l’attitude de Washington. Selon un communiqué publié par le ministère chinois des Finances, « l’imposition par les États-Unis de droits de douane anormalement élevés à la Chine constitue une violation grave des règles du commerce international » et représente une pratique « unilatérale d’intimidation et de coercition ».
Cette mesure intervient alors que les relations sino-américaines peinent à sortir d’un cycle de tensions récurrentes. Depuis l’administration Trump, les États-Unis ont imposé des droits de douane sur des centaines de milliards de dollars de produits chinois, invoquant des pratiques commerciales déloyales et le vol de propriété intellectuelle. L’administration Biden, bien que plus discrète, n’a pas inversé la tendance, maintenant en place de nombreuses sanctions tarifaires.
Pour Pékin, cette dernière hausse des droits de douane vise à « défendre les intérêts légitimes des entreprises chinoises » face à une politique américaine jugée protectionniste. Dans les faits, elle risque toutefois de complexifier davantage les chaînes d’approvisionnement mondiales et d’accentuer les tensions économiques internationales dans un contexte déjà instable.
Certains analystes estiment que cette surenchère tarifaire pourrait nuire autant à la Chine qu’aux États-Unis. « C’est une politique du perdant-perdant », déclare Zhao Minghao, chercheur à l’Institut des relations internationales de Shanghai. « À long terme, ces mesures affaiblissent la confiance des marchés et ralentissent la croissance mondiale. »
Du côté américain, les autorités n’ont pas encore officiellement réagi à cette annonce. Mais à Washington, les milieux d’affaires redoutent une nouvelle vague de perturbations, notamment dans les secteurs de l’agriculture, de l’automobile et des semi-conducteurs, directement exposés aux mesures chinoises.
Ce regain de tensions pourrait également avoir des implications diplomatiques. Alors que les deux pays tentaient timidement de relancer le dialogue stratégique autour de questions climatiques et sécuritaires, cette nouvelle salve tarifaire pourrait geler toute avancée.
Enfin, pour les observateurs internationaux, cette montée en flèche des droits de douane reflète une fracture plus profonde. « Il ne s’agit pas simplement de commerce, mais d’une lutte d’influence globale entre deux modèles économiques et politiques », analyse Marie Fontaine, experte en relations sino-américaines.
Alors que la Chine prépare son Forum sur la coopération internationale et que les États-Unis se tournent vers leurs alliés du G7, l’escalade douanière pourrait bien devenir un thème central dans les mois à venir. Et s’il est encore trop tôt pour parler de guerre froide économique, les signes d’un découplage progressif des économies sont de plus en plus visibles.